Le pardon de Dieu

Un de nos conseiller spirituel nous offre une réflexion sur le pardon

Dieu ne se trompe jamais quand il pardonne;main tendue

l’homme parfois, en essayant de demander le pardon

et aussi quand il est sollicité pour l’offrir.

 

Dieu ne se trompe pas quand il entend la douleur de nos mutilations, nos besoins de refermer les blessures, nos demandes de cicatrisation;

l’homme parfois quand il pense qu’un geste ou un acte peut définitivement exclure,

et aussi quand il accepte que la rigidité des règlements soit regardée comme le seul rempart au déferlement des comportements estimés répréhensibles – et tant pis si le règlement devient la prison éternelle et définitive de ceux qui se sont égarés.

 

L’infini de Dieu ne limite pas l’étendue de sa miséricorde,

la finitude de l’homme le contraint à l’inflexibilité des frontières.

 

On pourrait continuer la liste des aspirations à la sainteté et son incompatibilité avec ce que nous croyons être la perfection.

Christian Bobin, dans un magnifique petit livre, L’éloignement du monde, écrit : «La sainteté a si peu à voir avec la perfection qu’elle en est le contraire absolu. La perfection est la petite sœur gâtée de la mort. La sainteté a le goût puissant de cette vie comme elle va – une capacité enfantine à se réjouir de ce qui est, sans rien demander d’autre. »

L’important n’est pas une liste mais la façon de gérer l’écartèlement entre notre désir du divin ou de sainteté et notre incapacité à sortir des chimères de la perfection.

 

 

Ne nous leurrons pas le péché existe, le mal étreint que nous en soyons conscients ou non, que nous en soyons volontairement ou malgré nous prisonniers.

 

Il y a des paroles, des gestes, des actes, sur lesquels ont ne peut revenir, que l’on ne peut pas gommer, devant lesquels il est impossible de réparer.

La réparation serait la possibilité de revenir en arrière, de remonter le temps, de tirer sur l’ardoise magique et continuer comme si rien n’y avait été inscrit.

Comment vivre alors avec ce qui ne peut être réparé ? Il ne reste que le pardon qui lui coupe les liens avec hier et ouvre une possibilité totale dès l’instant présent. Il offre même beaucoup plus que ce qu’on attendait.

 

Dans la parabole dite de l’enfant prodigue – et que l’on devrait appeler parabole du père des deux fils – le fils qui a dilapidé pense avec une belle lucidité qu’il n’est plus digne d’être considéré comme fils. Il ose cependant souhaiter être intégré maintenant aux serviteurs.

Aussitôt le Père, qui avait pris sur lui de sortir de son palais, de quitter l’enferment de sa peine, d’espérer un changement, offre ce qui paraissait inimaginable, une dignité nouvelle, un nouvel habit, un anneau d’or, des scandales et même une fête ! Il est évident que ce père montre l’impossible pardon devenu possible, il est évident que ce Père est Dieu.

Il est probablement aussi évident que le fils ainé peut représenter la fascination de la bonne conscience apportée par le respect des règlements, premier penchant de notre humanité chercheuse de perfection. Le Père sort aussi pour lui de la maison et de la fête !

 

 

Le temps de la miséricorde est venu d’abolir celui du droit.

Le temps du pardon est venu d’ouvrir une route pour la sainteté de chacun.

 

Le Père veut encore sortir de la maison pour chacun de ses fils, allons-nous lui barricader la porte?

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