témoignage de Florence

Témoignage de Florence et Georges, divorcés-remariés

Nous nous sommes rencontrés en 2000. A l’époque, alors que nous avions reçus une éducation religieuse (baptême et première communion pour tous les deux, confirmation pour Florence), nous ne fréquentions plus beaucoup les églises en dehors des mariages ou baptêmes de nos familles et amis, ou parfois pour faire une prière et allumer un cierge ensemble. Lors de nos quelques occasions de messe, du fait de notre situation de divorcés-remariés, nous ne communions plus.

Cette situation était un sujet que nous évoquions régulièrement avec certains proches (grand-père, parents, parrain, oncle), ce d’autant que la future femme d’un de nos cousins était en cours de demande de nullité de son précédent mariage.

En 2002, notre premier enfant est né. Il était évident pour tous les deux que nous souhaitions le faire baptiser.

En 2003, nous nous sommes adressés à notre paroisse de l’époque en demandant, dans le même temps, un accompagnement afin de réfléchir sur notre situation et notamment notre place possible dans l’Eglise en tant que divorcés-remariés. La réponse du curé de cette paroisse a été, dans un premier temps, une proposition de demande de nullité ; cela ne répondait pas à notre demande car ne concernait que l’un d’entre nous alors que nous souhaitions un cheminement de couple. Dans un deuxième temps, sa proposition a été d’aller communier dans une paroisse voisine, car, disait-il, « ils ne connaissent pas votre situation » !

Notre fils a donc été baptisé mais nous ne nous sommes pas intégrés dans cette paroisse

En 2004, notre deuxième enfant est né ; puis nous nous sommes mariés civilement en 2005.

A cette période, nous réfléchissions encore régulièrement avec quelques proches sur notre situation (oncle, parrain). Nous avons eus la chance d’être mariés par un oncle avec qui nous avions énormément échangé qui a apporté beaucoup de spiritualité dans notre cérémonie civile.

Nous entrions toujours peu dans les églises en dehors de quelques prières en couple. Il était alors plus douloureux pour nous d’aller à la messe, car nous ne trouvions pas notre place, que de ne pas y aller. Nous avons choisi la simplicité.

En 2007, nous avons déménagé et changé de région pour des raisons professionnelles. Notre fils cadet avait 3 ans et n’était toujours pas baptisé et le dernier venait de naître.

En arrivant dans notre nouvelle région, nous avons pris contact avec la paroisse de notre quartier pour leurs baptêmes. L’accueil était ouvert, nous nous sommes sentis bien ; nous avons fait la préparation au baptême et les garçons ont été baptisés en septembre 2008, 1 an après notre arrivée. Nous recommencions à aller à la messe de temps en temps.

Parallèlement, nous avons emménagé dans la commune voisine. Comme nous nous sentions bien dans la paroisse précédente, nous avons continué pendant un an à la fréquenter et sommes allés plus régulièrement à la messe.

L’année suivante, notre fils ainé commençait à avoir l’âge d’aller au catéchisme. Une fois de plus, il était évident pour chacun que nous souhaitions donner aux enfants cette éducation.

Nous nous sommes décidés à découvrir la paroisse de notre commune. La messe de rentrée à laquelle nous avons assisté nous a conforté dans le fait de pousser la porte de la paroisse et nous avons inscrit notre fils ainé au catéchisme. Peu à peu, nous avons assisté de plus en plus régulièrement aux « messes en famille » et aux temps forts du catéchisme.

Au cours d’un de ces temps fort, en 2010, nous avons visité une église orthodoxe dans laquelle nous avons entendu parler, pour la première fois, de couples « éprouvés ». Cela a fait écho en nous.

En 2011, nous avons alors rencontré notre curé en lui faisant une demande d’accompagnement pour discuter de notre situation et nous aider à trouver notre place dans l’Eglise et la paroisse en tant que divorcés-remariés. Sa première question a été ; « Etes-vous en paix ? Avec l’ex-conjoint, avec vous-mêmes, au sein de votre couple ? » . Elle nous a beaucoup fait cheminer. Nous nous sommes rencontrés régulièrement pendant plusieurs mois.

Parallèlement à ces rencontres, nous allions de plus en plus régulièrement à la messe et nous commencions à nous impliquer un peu plus. Florence dépannait pour quelques séances de catéchisme et, à la demande des deux prêtres de la paroisse, nous participions en couple à la permanence d’accueil du samedi matin.

La messe prenait de plus en plus de sens pour nous. Mais plus nous y trouvions notre place et moins nous nous sentions le « droit » de l’avoir. Nous commencions à ressentir une inadéquation entre le message du Christ et ce que nous renvoyaient les règles de l’Eglise Catholique.

Lors du temps d’eucharistie, nous nous sentions esseulés sur notre banc. Par ailleurs, certaines paroles entendues lors de messes ou par des personnes de notre entourage nous agressaient :

  • La phrase « Je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri » avant chaque eucharistie qui nous rappelait que nous ne l’étions pas,
  • Un prêtre appelant les personnes « empêchées » (que nous comprenions « en péché ») à ne pas communier mais seulement venir se faire bénir comme les enfants,
  • Certains s’adressant à Florence en disant « Mais toi tu n’es pas concernée, tu n’as pas divorcé », ce qui non seulement était faux mais niait l’existence de notre couple.

D’autre part, il nous paraissait de plus en plus absurde et injuste de ne pas pouvoir participer pleinement à la messe et se nourrir comme tous du corps du Christ alors que d’autres péchés, à notre sens plus graves, voire criminels, n’excluaient pas de la table eucharistique.

L’accompagnement avec notre prêtre se poursuivait, nous avons commencé à évoquer la communion et ce que cela représentait pour nous, ce d’autant que notre fils ainé allait communier pour la première fois en avril 2012. Le prêtre nous a proposé de bâtir une célébration avec une bénédiction de notre couple ; cela pouvait être une étape avant une « re-communion », si nous le souhaitions.

Nous avons organisé cette célébration pour le mois de septembre 2012. Elle a eu lieu dans l’intimité avec nos enfants et quelques proches avec qui nous avions partagé et réfléchi tout au long de ces années à propos de notre situation de divorcé-remariés.

Le lendemain, lors de la messe dominicale, nous avons re-communié pour la première fois après 12 ans. Cela fut très lourd de sens et d’émotion.

Depuis, nous poursuivons la permanence d’accueil de la paroisse certains samedi matins ; après avoir été appelés par nos prêtres, nous avons été couple accompagnateur d’une équipe Tandem de 2013 à 2015 ; et nous sommes tous les deux membres de l’Equipe d’Animation Pastorale depuis septembre 2015. Il est important pour nous que nos engagements dans la paroisse se fassent en couple.

Nous participons régulièrement à la messe, messes pendant lesquelles nous communions, en conscience, et jamais machinalement, comme cela a pu être le cas avant notre cheminement.

Nous poursuivons notre  chemin de discernement personnel et de couple. Il nous reste encore bien des étapes ; en particulier celle du Pardon qui n’est évident ni pour l’un, ni pour l’autre.

Ce cheminement ne s’arrêtera sans doute jamais.