Du diocèse de Lyon

Synthèse diocésaine pour le synode ordinaire, mars 2015

Au Cardinal Barbarin,
À la conférence des évêques de France
Synthèse diocésaine en vue de la préparation du synode ordinaire
Ce document aborde 7 thèmes ci-dessous :
1. La préparation au mariage
L’Eglise doit communiquer davantage sur l’importance de se préparer au mariage, engagement qui concerne l’avenir de sa vie personnelle mais aussi celle de sa future famille. Nous nous préparons pendant plusieurs années à notre vie professionnelle, aussi notre vie de couple et de famille mérite une meilleure préparation.
Accueil : les jeunes qui approchent l’Eglise doivent être accueillis avec enthousiasme et bienveillance, indépendamment de leur état de vie ; ils doivent bénéficier d’une écoute active qui part de leur réalité présente. La diversité des couples dans l’équipe de préparation au mariage doit être considérée comme une richesse et comme un atout par les animateurs.
Consistance de la préparation : un consensus se dégage sur la nécessité d’une démarche de préparation ambitieuse, consistante, nourrissante, questionnante, prenant son temps…, conduite par des accompagnateurs formés à l’accompagnement de groupe et à des bases théologiques. L’ambition doit être à la hauteur de l’enjeu que représente un engagement pour la vie. La formation pourrait comprendre dans un premier un volet ‘humain’ : éducation à l’altérité, à l’écoute dans la relation de couple, à la communication non violente, réflexion sur la notion d’engagement puis dans un 2ième temps un volet plus ‘spirituel’.
Pénétrer le mystère du sacrement : ‘Dieu, le Tout Autre, est à la Source de notre amour humain. Si je me ‘branche’ sur cette Source, ma vie de couple en sera transformée. Cette Source permettra le pardon dans les blessures qui arriveront, et ‘les grâces nécessaires dans le parcours du mariage’. Cette entrée dans le mystère du sacrement ne doit pas seulement être un’ catéchisme’ ou un ‘enseignement’, mais doit s’appuyer sur des témoignages de couples expérimentant cette réalité, sur un accompagnement individualisé des jeunes en préparation et sur un travail de
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recherche et de discernement pour tenter d’éprouver, dans le quotidien de la relation, cette ‘présence’ qui nous dépasse. Les couples acteurs de la préparation au mariage doivent oser parler de la présence du Christ dans leur vie.
Il est dans le rôle de l’Eglise d’être présente lors des moments importants de la vie des hommes, et il convient de ne pas négliger pour elle cette occasion de rencontrer pour l’évangélisation. D’où la proposition de ne pas prévoir seulement le mariage sacrement, mais aussi une bénédiction des époux pour leur confirmer que l’engagement qu’ils prennent est bon pour Dieu. Il s’agirait d’un accompagnement par étape vers le sacrement.
Une préparation qui ouvre un chemin : proposer aux couples qui le souhaitent une poursuite du cheminement de formation, avant ou après le mariage, pour rentrer plus avant dans l’initiation chrétienne : participation à des groupes Alpha, préparation à la confirmation pour les fiancés et mariés non confirmés…
L’accompagnement ne s’arrête pas à la cérémonie du mariage : à l’instar de la préparation au baptême, de la catéchèse ou d’un service funérailles, nos communautés paroissiales doivent s’organiser pour créer un lieu ‘relais familles’, avec des propositions à inventer : accès à de bonnes adresses de conseillers conjugaux ou de psychologues catholiques, expérimentation de la prière en famille, rencontre de partage de vie ou d’Evangile entre couples avec un couple accompagnateur…… Une des équipes propose que soit menée une réflexion concernant le rôle de ‘Veilleur’ que pourrait jouer les témoins de mariage, qui puissent être choisis parmi les membres de la communauté paroissiale. Ces témoins pourraient rencontrer 3 à 4 fois les jeunes mariés dans l’année suivant leur mariage.
2. Accompagner les situations difficiles
La paroisse doit être un lieu d’accueil, ce qui suppose une attention fraternelle, notamment à l’égard de ceux qui nous sont étrangers ou que nous ne connaissons pas. Ouvrir les portes de l’Eglise aux périphéries nécessite un engagement des paroissiens pour accompagner les personnes en difficultés à travers des contacts spontanés ou provoqués : créer un tissu de vie par l’empathie et le témoignage dans les différentes activités de l’Eglise, du catéchisme aux funérailles. Nombreuses et disparates sont les situations familiales pour lesquelles le message du Christ doit cependant rester intelligible afin d’en vivre : offrir les possibilités d’un cheminement spirituel qui permettent, s’agrégeant à une communauté paroissiale, le rayonnement de chacun, tel semble devoir être l’objet d’une paroisse ouverte.
Le célibataire, quel que soit l’origine de cette situation, est confronté à différentes formes de solitude. En quoi l’Eglise peut-elle accompagner cet état de fait ? Il est proposé la création de fraternités paroissiales qui permettent différentes forme de partage.
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Les familles monoparentales résultent la plupart du temps d’une séparation. L’Eglise doit prendre en considération les situations extrêmes qui rendent difficile la fidélité à certains de ses enseignements. La reconfiguration de la famille dans une perspective chrétienne pourrait prendre les formes suivantes : participation à la vie paroissiale / messe des familles /Catéchèse tenant compte des situations vécues / préparations aux baptêmes des enfants
Les couples qui vivent en concubinage portent souvent des valeurs humanistes profondes. Il semble toutefois que si le concubinage est vécu comme une volonté de ne pas s’engager pour quelques raisons que ce soient et qui puissent apparaitre comme légitimes au regard de la société civile, il existe une contradiction entre cette situation et l’amour conjugal lequel, précisément, suppose un engagement. En ce sens, l’accompagnement des couples devrait permettre de leur faire découvrir le sens et la grâce du mariage sacramentel.
L’infertilité d’un couple n’est pas en soi un obstacle à un amour conjugal. Pour autant, le couple peut souhaiter être fécond, non seulement pour satisfaire un désir d’enfant mais pour élever un enfant, dans tous les sens du terme : il ne faut pas confondre « le droit à l’enfant » qui dans son expression même manifeste davantage l’égoïsme que le don, avec « le désir d’un enfant ». A cet égard, outre l’adoption qui mérite d’être encouragée, le recours à la PMA peut-être un palliatif ; mais sous quelle conditions ?
L’ homosensibilité : S’il est important de se préoccuper de l’attention pastorale aux familles “dont certaines personnes en leur sein ont une tendance homosexuelle”, il est tout aussi nécessaire de travailler l’attitude pastorale d’accueil et d’accompagnement envers les personnes directement concernées.
– Un travail de sémantique (homosensibilité plutôt que homosexualité) éviterait l’amalgame entre génitalité et affectivité qui pèse sur les personnes trop souvent réduites à leurs actes sexuels.
– Nous constatons que l’attitude pastorale est souvent liée à la formation reçue. En conséquence, il semble souhaitable qu’une formation adaptée (écoute, accompagnement) soit proposée aux prêtres et laïcs en responsabilité.
– L’exigence évangélique ne peut se réduire à l’affirmation des dogmes, des interdits ou règles, mais ouvre vers un chemin d’amour vécu et donné.
Prendre soin des familles blessées par la séparation du couple :
– Développer la pratique du pardon dans la vie chrétienne, individuelle et familiale. C’est un moyen pour aider les familles à maintenir leur unité (prévention). C’est aussi un moyen pour pacifier les coeurs et les relations dans les familles blessées. Comment ? Enseignement et témoignages sur la force du pardon, organisation de
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journées paroissiales du pardon, propositions sacramentelles ou autres pour toutes les situations.
– Face à la séparation et au divorce, dépasser la notion de « faute » pour voir la souffrance et générer la compassion envers ceux qui vivent cette situation. Comment ? En intégrant les familles blessées dans les paroisses et en développant l’entraide entre familles « normales » et familles blessées.
– Dans leur souffrance, les familles blessées sont souvent seules. Exprimer sa souffrance permet de la surmonter, et peut-être, d’en faire une expérience spirituelle. Comment ? En renforçant le rôle de la paroisse comme lieu d’accueil, d’écoute et d’orientation et en intégrant dans ces groupes d’accueil des membres des familles blessées ayant vécu cette souffrance.
-« Laissez venir à moi les petits enfants » (Math 19,14). Remettons les enfants, qui n’ont aucune responsabilité dans la séparation, au centre des familles blessées. Leurs intérêts doivent passer avant celui des adultes. Comment ? Faire connaitre les méfaits de la garde alternée, développer les patronages, les mouvements de jeunes, rôle des grands-parents…
3. L’indissolubilité du mariage
– Il existe une confusion dans la notion d’indissolubilité qui dépasse la notion de rupture de la vie commune: toute alliance humaine est porteuse d’indissolubilité.
– Beaucoup de couples qui se marient à l’Eglise ne sont pas conscients de l’engagement qu’ils prennent. L’Eglise en est pleinement consciente mais néanmoins impose aujourd’hui un sacrement. Y a-t-il dans ces conditions un consentement au sens sacramentel ? De plus, quand seul l’un des deux est baptisé, le mariage n’est pas immédiatement sacramentel mais validé en dispense, et ces cas sont fréquents.
– La multiplication des cas de nullité n’est pas une solution, elle ne règle qu’un concept juridique et non celui des personnes.
4. L’Accès au sacrement pour les divorces-remaries
Quelques personnes relèvent que dans le sacrement de mariage, l’homme et la femme s’engage l’un envers l’autre devant Dieu jusqu’à la mort en dépit des difficultés et des épreuves. Peut-être faut-il un approfondissement théologique de cet engagement. Si l’Eglise décide de permettre à quelques personnes divorcées remariées de recevoir le sacrement de réconciliation et la communion, qu’en sera-t-
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il du premier conjoint de ceux-ci puisque le sacrement de mariage engage deux personnes ?
Mais la majorité des contributions demande à l’Eglise de travailler à sortir de ce qui est perçu comme l’exclusion des divorcés-remariés aux sacrements et qui apparaît comme contradictoire avec la miséricorde du Christ, comme dans le texte écrit par un groupe de 18 laïcs et signé par plus de 650 personnes qui appelle à « une conversion théologique et pastorale de toute la communauté pour accueillir avec joie tous ces fidèles dans le Corps du Christ tout en prolongeant la réflexion dans un cadre oecuménique ».
En effet, il y a une grande souffrance pour les fidèles divorcés-remariés à vivre l’exclusion des sacrements alors qu’ils font parti de la communauté, même si certains d’entre eux ont, en conscience, repris le chemin de l’eucharistie pour vivre et avancer dans leur foi chrétienne. Cette situation d’exclusion crée une grande difficulté dans l’éducation chrétienne de leurs enfants faute de pouvoir faire correspondre leurs actes et leurs paroles (ex : communion des enfants / interdiction de communier pour les parents).
Est relevé l’incohérence entre certaines paroles des Prières Eucharistiques ou certaines belles pages sur l’eucharistie et la réalité concrète qui exclut les divorcés–remariés de ce don. Cette situation fait scandale pour de nombreux fidèles qui ne comprennent pas que le remariage des divorcés soit le seul péché impardonnable, alors qu’il existe dans le monde d’autres manquements notoires à l’Amour beaucoup plus graves. Elle est perçue par beaucoup comme un contre témoignage qui fait obstacle à l’annonce de l’Evangile aujourd’hui.
Comment trouver un chemin sans nier l’indissolubilité, qui reste à approfondir ?
Elargir la demande de nullité n’est pas perçu comme une bonne voie, car risquerait à terme de dévaloriser le mariage sacramentel et surtout masquerait la vraie question: accepter de reconnaître que les échecs dans les relations font partie de la vie et qu’ils peuvent, par le pardon, ouvrir sur la vie. C’est tout le sens de la résurrection.
Est proposé que s’élaborent en Eglise des chemins de discernement. Le terme « chemin pénitentiel » semble blessant parce que les couples avancent différemment sur le chemin de la réconciliation. Il convient de prendre en compte la réalité de chaque couple afin de proposer un chemin adapté à chaque histoire singulière, un chemin qui débouche sur une parole joyeuse de réintroduction dans la communauté.
Plutôt que l’accompagnement par une seule personne, fut-elle un clerc formé, est préféré l’accompagnement par un petit groupe de chrétiens, laïcs et prêtre, car chacun à y faire un chemin. Une piste importante à considérer et qui existe déjà, est
l’accompagnement de ces couples vers un temps de prière pour leur nouvelle union. Ces expériences fortes, vécue en Eglise, montrent que des communautés savent se rendre présentes aux réalités humaines, en leur donnant un sens chrétien. Dans l’élaboration de ces chemins il nous semble indispensable que des personnes divorcées-remariées soient partie prenante.
5- L’éducation des enfants, EARS
L’église devrait s’employer à développer de façon beaucoup plus concrète et pastorale l’éducation à la vie affective relationnelle et sexuelle. Il semble que beaucoup de difficultés des couples trouvent son origine à l’adolescence, en l’absence de cette éducation à l’affectivité, à la sexualité. Un manque cruel d’information sur le sens de la sexualité humaine en général, et d’autre part sur le manque de préparation concrète permettant d’appréhender la période de la puberté avec une invitation claire à la maîtrise de soi et au don de soi.
Les parents sont les premiers éducateurs des enfants mais ils s’estiment insuffisamment formés à leur vocation conjugale et parentale et attende l’aide de l’Eglise pour :
– Apprendre à témoigner au quotidien, exemplarité
– Parler d’affectivité (présence des pères indispensable)
– Eduquer aux média
– Savoir faire grandir la vie intérieure.
Les paroisses, tout en ayant soin d’accueillir les familles éloignées de l’Eglise, peuvent faire vivre un parcours catéchuménat aux parents de l’enfant baptisé ; elles veilleront à parler de la vocation conjugale dans les catéchèses.
Quelques moyens proposés :
– Un effort de communication et de visibilité pour mettre en valeur ce qui est proposé (mouvements de jeunes,…).
-La formation spécifique pour les prêtres et séminaristes, pour les intervenants en EARS sur la théologie du corps
-Le développer la pastorale Familiale dans les paroisses et augmenter les crédits.
-La proposition aux parents et éducateurs de tous les niveaux dans le domaine de l’EARS une formation à l’anthropologie humaine (théologie du corps, catéchisme de l’Eglise catholique, textes du Magistère), à l’estime de soi, l’altérité, le respect, la beauté de l’amour et du corps.
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6- La parentalité responsable
Les contributions constatent majoritairement que le message de l’Eglise est décalé de la vie de la société et éloigné de la vie des couples chrétiens, pour lesquels le lieu de la décision est avant tout la conscience personnelle.
Pour éclairer celle, ci :
– Nous devons inventer une forme nouvelle afin que Humanite Vitae soit accueillie positivement (Théologie du Corps ?).
– Des propositions éparses existent dans notre diocèse pour accompagner la fécondité des couples (Cler, AFC,….) et l’EARS, mais il est suggéré de donner plus de visibilité en créant un lieu d’accueil ayant pignon sur rue pour réunir et promouvoir les propositions de l’Eglise.
– Inventer des façons de soutenir les « solos » pour les accompagner dans leur fécondité.
L’écologie humaine est une nouvelle porte d’entrée à la réflexion sur les méthodes naturelle et les solutions pour les couples confrontée à l’infertilité.
7- Les personnes âgées dans nos familles et la question de la fin de vie
Personnes à part entières, malgré leurs limites, les personnes âgées souffrent d’isolement, elles ont un sentiment d’exclusion. Elle dispose pourtant de temps.
Dans la transmission de leur histoire et donc de leurs valeurs, elle témoigne de leur abandon à Dieu.
Si la personne âgée est aux antipodes de l’évolution des mentalités (rentabilité, réussite, mobilité, le beau, le paraitre, le pouvoir), le lien en famille peut-être difficile mais essentiel. Les difficultés (gérer l’intimité, limites physiques, etc..) peuvent être aplanies par la présence de médiateurs (soignants,…), afin qu’une relation intergénérationnelle dans la famille se tisse, le lien entre l’aidant et l’aidé devienne une relation de don réciproque
L’Eglise se doit de pouvoir faire vivre le sacrement des malades plus aisément en réfléchissant à la possibilité de trouver des relais aux prêtres moins nombreux. Des formes de parrainage à l’égard des personnes âgées peuvent être inventées. Les laïcs doivent poursuivre leur formation et engagement aux services des funérailles.
Les soins palliatifs et proposés à domicile, ainsi que les formations des personnels associés doivent être encouragés. L’Eglise doit trouver sa place dans cette étape (équipe d’aumônerie, visite à domicile), pour être en mesure d’aider à faire vivre la fin de vie comme un temps unique de rapprochement familial. Celui-ci est un temps d’évangélisation des familles et de la personne.