Lors de la journée du 11 avril organisée dans le diocèse de Lille pour la pastorale des personnes divorcées et divorcées-remariées, un couple Reliance a fait ce témoignage;
Témoignage à 2 voix d’une vie de chrétiens
Samedi 11 avril 2015
Journée diocésaine SeDiRe
« Les divorcés et le synode sur la famille :
quelle espérance possible ? »
Nathalie :
Pour commencer, nous déclinerons rapidement notre « curriculum vitae » de couple afin que vous puissiez prendre connaissance de notre parcours familial respectif.
Bernard a été marié pendant 7 ans et a eu un fils de cette union. Il est divorcé depuis 1988
Bernard :
Nathalie a été mariée pendant 3 ans et a eu aussi un fils de cette union. Elle est divorcée depuis 1987.
Nous nous sommes rencontrés en 1990 et avons mis 4 ans avant de prendre la décision d’unir nos vies. « Nos aînés » ont ainsi eu la possibilité de se connaître et de s’apprécier avant de vivre ensemble. En mai 1996, nous nous sommes mariés à la mairie.
Nathalie :
Depuis maintenant plus de 20 ans nous formons une famille « unie » avec nos 4 enfants.
Christophe, notre aîné, 33 ans, celui que j’ai « eu » tout fait et le seul pour lequel je n’ai pas été malade pendant ma grossesse
Édouard, 30 ans, notre futur marié… à l’église en décembre cette année
César, 17 ans (confirmé en 2014) et Louise, notre dernière 15 ans.
Bernard :
Nous sommes pratiquants et communiants. Notre 1er mariage aurait pu être annulé, mais nous avons tous les 2 refusés car nous avions chacun un enfant né de cette union, tous les 2 bien réels (union et enfant). Nous avons eu beaucoup de chance car nous ne nous sommes jamais sentis rejetés de l’Église. Et après notre divorce, nous avons continué à pratiquer régulièrement. Nous avons rencontré des prêtres ouverts et tolérants : aumônerie d’adultes, messes pour les enfants… Notre union a même renforcé notre envie de vivre plus près de Dieu. Nous connaissons l’amour, et nous nous émerveillons de notre chance.
En 2007, nous avons organisé la célébration de notre amour au sein de l’église Notre Dame de Pellevoisin, en présence de Fabien Cristofoli, notre prêtre et ami, de nos familles, de nos amis les plus proches et de nos 4 enfants.
Nathalie :
Un jour, après un week-end de Pentecôte, la maîtresse de CE2 demande aux enfants « Qui a assisté à la messe du dimanche de Pentecôte ? ». Un seul doigt se lève dans la classe : celui de notre Louise… la fille d’un couple de divorcés-remariés…
Comme Bernard l’a dit, nous avons toujours continué à participer à la vie l’église : lectures et préparation à la Communion eucharistique pour ma part depuis 8 ans à l’église de notre quartier, Saint Maurice des Champs. Je reconnais que parfois, je suis un peu gênée de me retrouver à l’autel pour communier avec les enfants mais je ne les prive de cette joie de partager avec moi ce moment important et pour lequel ils ont mis beaucoup de ferveur à se préparer. Quelle joie, en effet, de pouvoir les accompagner et merci aux prêtres de la paroisse de m’avoir laissée la chance de vivre ces instants.
Bernard :
En fait, nous avons pris conscience très récemment de « tous les interdits » auxquels les divorcés remariés dont nous, doivent faire face. En effet, depuis septembre 2014, nous faisons partie du 1er groupe Reliance de la région. Nous avons la chance d’avoir un couple des équipes Notre Dame, Françoise et Pierre qui nous accompagnent et que nous remercions. Or, lors du week-end annuel des équipes Reliance à Massabielle, nous avons évoqué l’interview de notre Pape François expliquant aux journalistes que la communion n’était pas le seul des sacrements auxquels nous ne pouvons prétendre, en raison de l’indissolubilité du mariage religieux
Nathalie :
L’impossibilité de s’unir une 2ème fois est d’autant plus « incohérente » que je suis dorénavant veuve. Mon ex-mari est décédé, je pourrais donc tout à fait me marier à l’église si Bernard… n’était pas, lui, encore divorcé !
Bernard :
Nos attentes du synode : une évolution sur le mariage.
En effet, nous souhaiterions
- une préparation du mariage « plus poussée » avec prise de conscience de l’importance de la Foi (pratique concrète des futurs époux), de l’engagement pour la vie (espérance de vie), de la signification de l’alliance, de l’indissolubilité
- Un suivi les 1ères années avec un engagement des nouveaux mariés auprès des futurs, comme un service rendu
- Une profonde réforme avec la possibilité d’une 2ème union avec soit un parcours de préparation, soit des actes d’engagement dans l’église
- Être accueilli dans toutes les communautés comme une personne ayant déjà souffert (ce n’est pas encore le cas dans toutes les paroisses)
- Remettre l’évangile au cœur des débats : la Miséricorde de Dieu
Nathalie :
Pour terminer, je voudrai citer
Charles Péguy qui a écrit : « une morale souple n’est pas moins une morale qu’une morale raide ».
Et finir en disant que notre union est à l’image de la définition donnée dans Vatican II :
« Notre mariage est une communauté profonde de vie d’amour ».