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Emission du Jour du Seigneur

Le 4 juin, Le Jour du Seigneur a consacré son émission « Vous nous étonnez » à la situation des couples divorcés-remariés dans l’Eglise en se demandant comment sortir de l’impasse. Ils font allusion à la discipline d’avant l’exhortation apostolique du pape François, Amoris Laetitia qui demandait aux personnes  » divorcées-remariés » de s’abstenir de tous les sacrements. Dans une introduction assez humoristique, ils se disent étonnés de ce traitement punitif, alors que des prêtres jugés pour pédocriminalité peuvent bénéficier des sacrements du pardon et donc de l’Eucharistie.

Ils s’entretiennent longuement avec le père Guy de Lachaux qui, depuis quarante ans, accompagne des personnes divorcées dans tout leur parcours de vie dans le mouvement  » Chrétiens divorcés, chemin d’Espérance » : Tsunami du divorce, temps de reconstruction personnel et choix de vie, puis éventuellement discernement d’une nouvelle union, préparation à un temps de prière à l’officialisation de la nouvelle union, chemin de discernement pour un retour aux sacrements, par exemple en paroisse et enfin proposition de vie spirituelle vécu en couple au sein des Equipes Reliance

Une équipe de couples qui cheminent ensemble pour toujours mieux répondre à l’appel du Seigneur…

18 mars 2023

Comme annoncé depuis longtemps dans les courriers, voici l’invitation pour le temps fort annuel Reliance. Journée de rencontres, de réflexion, de partages d’expériences, avec nos amis de Chrétiens divorcés chemin d’espérance. Cette année, c’est le père Hervé Giraud, prélat de la Mission de France qui nous parlera synodalité et pastorale.

Nous savons que  » monter à Paris » est compliqué et onéreux pour vous, c’est pour cela qu’on vous a donner la date bien à l’avance pour que vous puissiez vous faire héberger dans la famille et joindre ainsi l’utile à l’agréable ….Votre présence est toujours une joie pour nous…et vous pouvez convier des couples en nouvelle union de vos amis ou connaissance pour leur présenter les équipes Reliance.

Notre ami Michel à rejoint sa chère Yvonne

La semaine dernière Michel a quitté sa vie terrestre, pour rejoindre, Yvonne son épouse qui l’avait précédé.

Tous les deux sont à l’origine des Equipe Reliance, puisqu’ils faisaient partie des quatre couples équipiers que les Equipes Notre-Dame avaient chargés de réfléchir à la question posée aux END par le pape de l’époque, Jean-Paul :  » Equipes Notre-Dame que proposez-vous aux couples dont la première union s’est brisée « . Apres un long travail d’équipe, Reliance a vu le jour et les premières équipes sont nées. Yvonne et Michel ont accompagné la première équipe de Lyon et début des années 2000, ils nous ont appelé pour accompagner la seconde équipe lyonnaise. Michel s’est dépensé sans compter pour promouvoir Reliance et la pastorale des personnes divorcées, engagées dans une nouvelles union. Plus de la moitié des personnes des cinq équipes de Lyon, ont été « recrutées » par lui !

Je laisse à Geraldine et Pascal la parole pour le témoignage qu’ils nous ont envoyé .

A Michel et Yvonne

Notre bien aimé compagnon de route Michel, comme le disent si justement Christian et Nathalie, est entrée dans la vie en Christ dans la Jérusalem Céleste.

Cette nouvelle nous attriste et nous nous associons à la peine de la famille, mais nous voulons retenir ce message d’espoir et de réconfort pour lui.

Ici-bas, Michel avait déjà mis ses pas dans les pas du Seigneur

Il avait épousé la cause des couples engagés dans une seconde union afin de leur permettre de vivre en équipe leur foi et leur amour comme le proposent les END

Il s’était engagé, franchement, totalement et à grandes enjambées sur ce chemin, ne ménageant pas sa peine.

Avec son bâton de pèlerin, inlassablement il était à la recherche ou plutôt à la rencontre de la brebis, blessée, égarée.

Non pas sur les chemins droits et confortables, bien tracés de la foi, mais à la frontière, à la marge, là ou le chemin peut se perdre, s’obscurcir, voir s’arrêter. Là où la blessure est encore vive et ou l’étincelle divine est vacillante ou étouffée.

Le sens de l’injustice, l’amour étaient son moteur, loin des dogmatismes ou des idées arrêtées.

C’était un combattant de l’amour, tantôt provocateur, un peu rentre dedans et pas toujours stratège. Mais d’un sourire, d’un regard teinté d’espièglerie et de bienveillance, il vous désarmait.

Car en fait il vous mettait devant l’évidence de changer de regard, de répondre à l’appel, de se mettre au service de l’autre.

Grâce à toi, Géraldine et moi avions renoué avec l’église et revivifier notre foi.

Mon bon Michel,

Tu vas me manquer et manquer à Reliance, mais c’est vrai que tu mérites bien un peu de repos auprès d’Yvonne.

Je me rappelle que malgré la fatigue, la douleur tu tenais avec Yvonne à assister à nos réunions de travail Reliance.

Tu nous avais fait confiance à Géraldine et moi-même pour prendre des responsabilités dans le mouvement Reliance.

 Pour toi c’était important. Il s’agissait de transmettre le flambeau, la flamme aux couples engagés dans une seconde union.

Merci d’avoir ouvert la voie, merci pour tout ce que toi et Yvonne avez apporté aux équipes Reliance.

De cœur et en esprit avec les équipes Reliance

Pascal et Géraldine LANIER

Lettre de la rentrée 2020

Lyon le 6 octobre 2020

Chers équipiers,

         Voici une rentrée inhabituelle pour tous, et nous voudrions tout particulièrement avoir une pensée pour ceux d’entre vous qui ont souffert de la perte d’un parent ou d’un ami, ou qui vivent maintenant des situations diversement douloureuses ou compliquées. Que l’Espérance nous soutienne et nous aide à nous tourner avec confiance vers demain car nous avons tous beaucoup à inventer, à construire, à renouer différemment nos liens.

         La toute nouvelle encyclique du pape François, nous redit avec force que le salut de l’humanité et de notre planète ne peut advenir sans l’exercice de la fraternité qui n’exclue personne mais qui prend en compte les vies les plus fragiles. Si vous n’avez pas encore lu ce texte, voici le lien pour le copier ou le lire : https://synodequotidien.wordpress.com/pape-francois/encyclique-fratelli-tutti/

            Il y a exactement cinq ans, en octobre 2015, nous étions à Rome pour trois semaines, invités comme auditeurs au synode de la famille, pour porter la parole des personnes séparées, divorcées et divorcées engagées dans une nouvelle union. Depuis la sortie d’Amoris laetitia, grâce au grand questionnaire envoyé aux équipiers et auquel beaucoup d’entre vous ont répondu, les Equipes Reliance ont beaucoup contribué à la réception d’Amoris laetitia et aux avancées de la pastorale des personnes divorcées vivant une seconde union. C’est de ce questionnaire que sont nés les propositions de cheminements Bartimée que certains d’entre vous ont suivis et que le mouvement a mis a disposition des paroisses et de certains diocèses. Depuis plus de deux ans des équipes paroissiales se forment et célèbrent, en communauté, la joie du retour aux sacrements.

Sans doute avez-vous tous appris à maitriser Skype et Zoom, ce qui vous a permis de poursuivre vos réunions pendant le confinement. Mais peut-être que cette expérience vous a donné des idées pour faire équipe autrement. Si vous avez eu des expériences singulières et que vous souhaitez les faire partager aux autres, n’hésitez pas à nous mettre un mail, nous le transmettrons à toutes les équipes. Par exemple une journée de rentrée masquée et au grand air comme dans le Nord !

Le prochain rassemblement est déjà programmé pour le 21 mars 2021, dans le couvent des franciscains à Alésia dans le 14 ième à Paris. Pour fêter les cinq ans d’Amoris laetitia, nous prendrons le thème de « La logique de la miséricorde pastorale » que notre intervenant, Mgr Giraud nous aidera à bien explorer. Nous vivrons cette journée avec le mouvement « Chrétiens divorcés, Chemin d’espérance », vous pourrez donc inviter largement des personnes divorcées remariées ou non, puisque le rassemblement est ouvert à tous.

Certains d’entre vous nous ont demandé ce qui existait sur la question « des enfants du divorce ». Le mouvement Chrétiens divorcés chemin d’espérance édite trimestriellement un journal qui aborde à chaque fois un thème différent. Le thème des enfants a été traité dans quelques numéros dont certains sont encore commandables (en particulier les numéros 94 de juin 2020 et le numéro 80) …Ecrire à Martine Loloum  martineloloum@yahoo.fr.

Et si certains se lancent sur cette question et l’approfondissent, …ils peuvent en faire un thème pour en faire profiter toutes les équipes.

Dans les thèmes d’études, outre tous les thèmes très riches et divers des END, plusieurs livres qui viennent de sortir peuvent retenir votre attention.

  • L’encyclique « Fratelli tutti » et quelques pistes de lecture qui vont certainement sortir qui permettrons d’intéressants échanges.
  • Le livre « Pour en finir avec le cléricalisme » du père Loïc de Kerimel. Une plongée dans l’histoire de l’Eglise pour comprendre l’origine et les mécanismes du cléricalisme.
  • Pour l’étude personnelle de ceux qui ont davantage de temps, voici un livre du père Luca Castiglioni, « Filles et fils de Dieu » qui s’interroge sur « le ministère commun des laïcs », prêtres, prophètes et rois. Place des laïcs et particulièrement des femmes dans notre Eglise.

Nous avons quelques contacts et deux nouvelles équipes en perspective, l’une dans le grand Ouest de Paris et une autre sur Marseille. Nous avons également reçu une demande sur Strasbourg, mais difficile de trouver d’autres couples …une nouvelle équipe s’est mise en route à La Réunion, nous n’avons pas beaucoup de nouvelles des équipes de l’ile Maurice mais ils ont eu beaucoup de soucis avec leur marée noire ! La période n’est pas idéale, mais n’hésitez pas à parler des équipes Reliance à vos amis…et du rassemblement du 21 mars.

La commission internationale de réflexion « seconde union » que nous animons et qui a été mise en place par l’équipe responsable internationale des END, poursuit son travail, malgré les contraintes liées à la pandémie. Elle a permis de mettre en évidence que la France est la plus avancée dans cette pastorale grâce à l’existence de Reliance depuis vingt ans.

Nous terminons en vous souhaitant une belle année en couple et en équipe dans un esprit de confiance et prêt à vivre les adaptations nécessaires qui nous bousculent mais qui nous redonnent aussi un élan pour toujours mieux vivre l’Evangile.

Nathalie et Christian

Bonne nouvelle à la CEF

Véronique Lonchamp vient d’être nommée au pôle famille de la conférence des évêques de France. Cette mère de famille nombreuse a une grande expérience de terrain et souhaite finaliser la réception d’Amoris laetitia. Son mandat fait suite aux deux mandats d’Oranne de Mautore qui a beaucoup travailler pour la diffusion de cette exhortation, notamment par la parution du guide de lecture d’Amoris laetitia, l’outil indispensable pour une bonne lecture du texte de François;

lettre de l’été 2019 , bilan de l’année, envoyée aux équipiers.


Chers équipiers et chers amis de Reliance,
Comme dans tous les groupes et les mouvements c’est l’heure des bilans…Nous allons donc essayer de faire un petit point de l’année Reliance.

Au niveau des équipes, il y a des départs et des arrivées, des équipes qui s’arrêtent et d’autres qui s’amorcent comme sur le nord avec celle de Bousbecque ou sur La celle saint Cloud.   Mais ce qui est plus nouveaux , c’est que des couples de Reliance ou des couples accompagnateurs s’investissent dans la pastorale familiale dans les diocèses qui veulent répondre à la demande des personnes divorcées engagées ou non dans une seconde union…Il y a une bonne collaboration avec le diocèse et la confiance s’instaurent. L’expertise de Reliance dans l’accompagnement et en particulier la proposition des cheminements Bartimée rencontre de l’intérêt et sera un beau lieu de mission pour des couples de Reliance. La préparation à la nouvelle union et à un temps de prière qui permet de mettre ne nouveau couple sous le regard du Seigneur, est également un lieu pastoral d’engagement des couples qui ont vécu eux-même une nouvelle union.

Trois ans après la sortie d’Amoris Laetitia, on peut constater que des chemins s’ouvrent doucement, mais sûrement et que les conversions des communautés et des pasteurs commencent a s’opérer.

Nous avons vécu deux temps forts nationaux
Le 30 mars avec Véronique Margron et Guy de lachaux…Hélène Bricout était présente tout au long de cette journée également.
Le 18 mai un colloque organisé par Le Pèlerin et les frères de St Jean à Boulogne

Ce colloque à permis de constater que la lecture d’Amoris Laetitia n’a pas encore rejoint tout le monde et qu’il existe encore des mouvements et des diocèses qui n’ont pas compris que le magistère officiel de l’Eglise catholique est le discernement qui permet de sortir du  » permis-défendu » et que des chemins vers les sacrements sont possibles pour ceux qui cherchent sincèrement. Le rescrit du pape François du 5 juin 2017, lève les  » doutes  » de certains cardinaux et montre que  » la seule interprétation  » du chapitre VIII d’Amoris laetitia est l’accompagnement et le discernement pour une intégration pleine et entière, celle des évêques argentins de septembre 2016 …si vous avez le temps, allez voir sur le site ce document indispensable qui permet sereinement de proposer  » les cheminements Bartimée » à ceux qui le désirent. Je rappelle que dans les équipes Reliance, les personnes exercent leur conscience éclairée, en particulier pour leur choix par rapport à la réception de l’Eucharistie et que l’existence de cheminement Bartimée n’est une incitation, encore moins une obligation pour ceux qui ne le souhaitent pas ou pas maintenant.

A titre personnel, nous sommes allés passer deux semaines à l’Ile Maurice, pour rencontrer les équipes Reliance naissantes. Les responsables des équipes Notre-Dame qui sont également très investis dans la pastorale familiale locale, nous ont demandé d’animer un we de formation à l’accompagnement de toute la pastorale des personnes DVR, puis nous avons fait des formations aux laïcs en mission, aux couples du CPM, au presbytérium et une conférence grand publique…L’accueil a été très chaleureux et ils étaient très intéressés car ils ont beaucoup de personnes divorcées engagées dans une nouvelle union dans leur paroisses…En particulier les cheminements Bartimée ont suscité beaucoup d’espérance …Nous avons rencontré plusieurs fois leur évêque, Mgr Maurice Piat que nous connaissions depuis le synode…il est très sensible à cette pastorale et travaille avec les accompagnateurs des équipes Reliance sur la création de cheminement Bartimée.

J’ai une proposition à vous faire : Pour les équipes qui le souhaiteraient, on pourrait imaginer une sorte de jumelage avec une équipe de l’Ile Maurice. Chaque équipe qui en ferait la demande pourrait correspondre par mail ou skype avec une nouvelle équipe de là-bas ! Que les équipes intéressées me le demande, je les mettrais en contact.

Pouvez-vous de votre côté, nous envoyer un petit bilan et vos perspectives pour la rentré…

Nous vous souhaitons de belles et bonnes vacances lorsque vous en prendrez.
bien fraternellement
Nathalie et Christian

Des chemins qui s’ouvrent

Le journal La Croix consacre un dossier complet à l’expérience vécues dans deux paroisses de la région lyonnaise que les équipes Reliance ont mis sur pied avec l’aide de l’association privée de fidèles « SeDiRe Lyon » et des paroisses concernées.

Claire Lesegretain est venue plusieurs weekend pour passer du temps avec les personnes et a même pu assister à l’une des célébration de « retour officiel  » aux sacrement au cours d’une messe dominicale de la paroisse.

Voici son article, paru pour les 3 ans d’Amoris laetitia

Il est claire que la question de l’accès aux sacrements est un sujet clivant. Certaines sensibilités qui offre au demeurant un bel accompagnement des personnes, n’envisage pas comme possible un retour officiel aux sacrements. Ce qui à notre avis constitue un double manque : Pour la personne concernée qui malgré tout ce chemin qu’elle aura parcourue, largement plus spirituel que la plupart des bons chrétiens de la paroisse, ne pourra pas physiquement exprimé son attachement au corps du Christ, et pour l’ensemble de la communauté qui n’aura pas de cheminement pour changer son regard, ni de moyen pour exprimer son accueil complet de l’autre.

Le Seigneur aime toutes ses brebis, il les veut toutes !

Il y a presque un an

C’était le 13 janvier 2018. Une petite équipe qui avait vu le jour au début de l’année 2017 cheminait tranquillement en suivant pas à pas l’Evangile de Bartimée. Le curé de cette paroisse qui avait bien travaillé pendant la période intersynodale, avait, avec l’EAP préparé la communauté à la proposition d’un « retour éventuel aux sacrements » pour certaines de ses membres . Et le 13 janvier à la messe du samedi à 18h 30 , une personne du groupe avait fait sa demande devant la communauté qui l’avait accueilli avec joie. Déjà, le 15 octobre 2017, au cours de la soiré d’invitation de notre Cardinal Barbarin, le témoignage de ce cheminement  en cours avait été donné, sans présager de la date où une demande verrait le jour. Trois mois après le temps était venu et ce fut une belle fête pour toute la communauté. Depuis il y a eu d’autres expériences et d’autres fruits et, en ce moment, un nouveau cheminement a été mis en place…à suivre dans un an.

Voici donc en 11 minutes le premier cheminement Bartimée.

 

lettre du pape François

Peuple de Dieu, le pape nous a écrit

 

et nous donne la mission de sauver l’Eglise qui traverse une importante crise dans l’institution même ! Il nous demande de luter contre le cléricalisme qui a sans doute largement participé aux problèmes de gouvernance et aux abus de pouvoir qui ont déviés vers des situations de pédophilie.

voici sa lettre en date du 20 aout 2018

Lettre du Pape François au Peuple de Dieu

« Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1 Cor 12,26). Ces paroles de saint Paul résonnent avec force en mon cœur alors que je constate, une fois encore, la souffrance vécue par de nombreux mineurs à cause d’abus sexuels, d’abus de pouvoir et de conscience, commis par un nombre important de clercs et de personnes consacrées. Un crime qui génère de profondes blessures faites de douleur et d’impuissance, en premier lieu chez les victimes, mais aussi chez leurs proches et dans toute la communauté, qu’elle soit composée de croyants ou d’incroyants. Considérant le passé, ce que l’on peut faire pour demander pardon et réparation du dommage causé ne sera jamais suffisant. Considérant l’avenir, rien ne doit être négligé pour promouvoir une culture capable non seulement de faire en sorte que de telles situations ne se reproduisent pas mais encore que celles-ci ne puissent trouver de terrains propices pour être dissimulées et perpétuées. La douleur des victimes et de leurs familles est aussi notre douleur ; pour cette raison, il est urgent de réaffirmer une fois encore notre engagement pour garantir la protection des mineurs et des adultes vulnérables.

  1. Si un membre souffre

Ces derniers jours est paru un rapport détaillant le vécu d’au moins mille personnes qui ont été victimes d’abus sexuel, d’abus de pouvoir et de conscience, perpétrés par des prêtres pendant à peu près soixante-dix ans. Bien qu’on puisse dire que la majorité des cas appartient au passé, la douleur de nombre de ces victimes nous est parvenue au cours du temps et nous pouvons constater que les blessures infligées ne disparaissent jamais, ce qui nous oblige à condamner avec force ces atrocités et à redoubler d’efforts pour éradiquer cette culture de mort, les blessures ne connaissent jamais de «prescription». La douleur de ces victimes est une plainte qui monte vers le ciel, qui pénètre jusqu’à l’âme et qui, durant trop longtemps, a été ignorée, silencieuse ou passé sous silence. Mais leur cri a été plus fort que toutes les mesures qui ont entendu le réprimer ou bien qui, en même temps, prétendaient le faire cesser en prenant des décisions qui en augmentaient la gravité jusqu’à tomber dans la complicité. Un cri qui fut entendu par le Seigneur en nous montrant une fois encore de quel côté il veut se tenir. Le Cantique de Marie ne dit pas autre chose et comme un arrière-fond, continue à parcourir l’histoire parce que le Seigneur se souvient de la promesse faite à nos pères: «Il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides» (Lc 1, 51-53); et nous ressentons de la honte lorsque nous constatons que notre style de vie a démenti et dément ce que notre voix proclame.

Avec honte et repentir, en tant que communauté ecclésiale, nous reconnaissons que nous n’avons pas su être là où nous le devions, que nous n’avons pas agi en temps voulu en reconnaissant l’ampleur et la gravité du dommage qui était infligé à tant de vies. Nous avons négligé et abandonné les petits. Je fais miennes les paroles de l’alors cardinal Ratzinger lorsque, durant le Chemin de Croix écrit pour le Vendredi Saint de 2005, il s’unit au cri de douleur de tant de victimes en disant avec force: «Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement ! Combien d’orgueil et d’autosuffisance ! […] La trahison des disciples, la réception indigne de son Corps et de son Sang sont certainement les plus grandes souffrances du Rédempteur, celles qui lui transpercent le cœur. Il ne nous reste plus qu’à lui adresser, du plus profond de notre âme, ce cri: Kyrie, eleison – Seigneur, sauve-nous (cf. Mt 8, 25)» (Neuvième Station).

  1. Tous les membres souffrent avec lui

L’ampleur et la gravité des faits exigent que nous réagissions de manière globale et communautaire. S’il est important et nécessaire pour tout chemin de conversion de prendre connaissance de ce qui s’est passé, cela n’est pourtant pas suffisant. Aujourd’hui nous avons à relever le défi en tant que peuple de Dieu d’assumer la douleur de nos frères blessés dans leur chair et dans leur esprit. Si par le passé l’omission a pu être tenue pour une forme de réponse, nous voulons aujourd’hui que la solidarité, entendue dans son acception plus profonde et exigeante, caractérise notre façon de bâtir le présent et l’avenir, en un espace où les conflits, les tensions et surtout les victimes de tout type d’abus puissent trouver une main tendue qui les protège et les sauve de leur douleur (Cf. Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n.228). Cette solidarité à son tour exige de nous que nous dénoncions tout ce qui met en péril l’intégrité de toute personne. Solidarité qui demande de lutter contre tout type de corruption, spécialement la corruption spirituelle, «car il s’agit d’un aveuglement confortable et autosuffisant où tout finit par sembler licite: la tromperie, la calomnie, l’égoïsme et d’autres formes subtiles d’autoréférentialité, puisque « Satan lui-même se déguise en ange de lumière » (2Co11,14) » (Exhort. ap. Gaudete et Exsultate, n.165). L’appel de saint Paul à souffrir avec celui qui souffre est le meilleur remède contre toute volonté de continuer à reproduire entre nous les paroles de Caïn: «Est-ce que je suis, moi, le gardien de mon frère?» (Gn 4,9).

Je suis conscient de l’effort et du travail réalisés en différentes parties du monde pour garantir et créer les médiations nécessaires pour apporter sécurité et protéger l’intégrité des mineurs et des adultes vulnérables, ainsi que de la mise en œuvre de la tolérance zéro et des façons de rendre compte de la part de tous ceux qui commettent ou dissimulent ces délits. Nous avons tardé dans l’application de ces mesures et sanctions si nécessaires, mais j’ai la conviction qu’elles aideront à garantir une plus grande culture de la protection pour le présent et l’avenir.

Conjointement à ces efforts, il est nécessaire que chaque baptisé se sente engagé dans la transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tant besoin. Une telle transformation nécessite la conversion personnelle et communautaire et nous pousse à regarder dans la même direction que celle indiquée par le Seigneur. Ainsi saint Jean-Paul II se plaisait à dire: «Si nous sommes vraiment repartis de la contemplation du Christ, nous devrons savoir le découvrir surtout dans le visage de ceux auxquels il a voulu lui-même s’identifier» (Lett. ap. Novo Millenio Ineunte, n.49). Apprendre à regarder dans la même direction que le Seigneur, à être là où le Seigneur désire que nous soyons, à convertir notre cœur en sa présence. Pour cela, la prière et la pénitence nous aideront. J’invite tout le saint peuple fidèle de Dieu à l’exercice pénitentiel de la prière et du jeûne, conformément au commandement du Seigneur1, pour réveiller notre conscience, notre solidarité et notre engagement en faveur d’une culture de la protection et du «jamais plus» à tout type et forme d’abus.

Il est impossible d’imaginer une conversion de l’agir ecclésial sans la participation active de toutes les composantes du peuple de Dieu. Plus encore, chaque fois que nous avons tenté de supplanter, de faire taire, d’ignorer, de réduire le peuple de Dieu à de petites élites, nous avons construit des communautés, des projets, des choix théologiques, des spiritualités et des structures sans racine, sans mémoire, sans visage, sans corps et, en définitive, sans vie2. Cela se manifeste clairement dans une manière déviante de concevoir l’autorité dans l’Eglise – si commune dans nombre de communautés dans lesquelles se sont vérifiés des abus sexuels, des abus de pouvoir et de conscience – comme l’est le cléricalisme, cette attitude qui «annule non seulement la personnalité des chrétiens, mais tend également à diminuer et à sous-évaluer la grâce baptismale que l’Esprit Saint a placée dans le cœur de notre peuple»3. Le cléricalisme, favorisé par les prêtres eux-mêmes ou par les laïcs, engendre une scission dans le corps ecclésial qui encourage et aide à perpétuer beaucoup des maux que nous dénonçons aujourd’hui. Dire non aux abus, c’est dire non, de façon catégorique, à toute forme de cléricalisme.

Il est toujours bon de rappeler que le Seigneur, «dans l’histoire du salut, a sauvé un peuple. Il n’y a pas d’identité pleine sans l’appartenance à un peuple. C’est pourquoi personne n’est sauvé seul, en tant qu’individu isolé, mais Dieu nous attire en prenant en compte la trame complexe des relations interpersonnelles qui s’établissent dans la communauté humaine: Dieu a voulu entrer dans une dynamique populaire, dans la dynamique d’un peuple» (Exhort. ap. Gaudete et Exsultate, n.6). Ainsi, le seul chemin que nous ayons pour répondre à ce mal qui a gâché tant de vies est celui d’un devoir qui mobilise chacun et appartient à tous comme peuple de Dieu. Cette conscience de nous sentir membre d’un peuple et d’une histoire commune nous permettra de reconnaitre nos péchés et nos erreurs du passé avec une ouverture pénitentielle susceptible de nous laisser renouveler de l’intérieur.

Tout ce qui se fait pour éradiquer la culture de l’abus dans nos communautés sans la participation active de tous les membres de l’Eglise ne réussira pas à créer les dynamiques nécessaires pour obtenir une saine et effective transformation. La dimension pénitentielle du jeûne et de la prière nous aidera en tant que peuple de Dieu à nous mettre face au Seigneur et face à nos frères blessés, comme des pécheurs implorant le pardon et la grâce de la honte et de la conversion, et ainsi à élaborer des actions qui produisent des dynamismes en syntonie avec l’Evangile. Car «chaque fois que nous cherchons à revenir à la source pour récupérer la fraîcheur originale de l’Évangile, surgissent de nouvelles voies, des méthodes créatives, d’autres formes d’expression, des signes plus éloquents, des paroles chargées de sens renouvelé pour le monde d’aujourd’hui» (Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n.11).

Il est essentiel que, comme Eglise, nous puissions reconnaitre et condamner avec douleur et honte les atrocités commises par des personnes consacrées, par des membres du clergé, mais aussi par tous ceux qui ont la mission de veiller sur les plus vulnérables et de les protéger. Demandons pardon pour nos propres péchés et pour ceux des autres. La conscience du péché nous aide à reconnaitre les erreurs, les méfaits et les blessures générés dans le passé et nous donne de nous ouvrir et de nous engager davantage pour le présent sur le chemin d’une conversion renouvelée.

En même temps, la pénitence et la prière nous aideront à sensibiliser nos yeux et notre cœur à la souffrance de l’autre et à vaincre l’appétit de domination et de possession, très souvent à l’origine de ces maux. Que le jeûne et la prière ouvrent nos oreilles à la douleur silencieuse des enfants, des jeunes et des personnes handicapées. Que le jeûne nous donne faim et soif de justice et nous pousse à marcher dans la vérité en soutenant toutes les médiations judiciaires qui sont nécessaires. Un jeûne qui nous secoue et nous fasse nous engager dans la vérité et dans la charité envers tous les hommes de bonne volonté et envers la société en général, afin de lutter contre tout type d’abus sexuel, d’abus de pouvoir et de conscience.

De cette façon, nous pourrons rendre transparente la vocation à laquelle nous avons été appelés d’être «le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain» (Conc. OEcum. Vat.II, Lumen Gentium, n.1).

« Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui », nous disait saint Paul. Au moyen de la prière et de la pénitence, nous pourrons entrer en syntonie personnelle et communautaire avec cette exhortation afin que grandisse parmi nous le don de la compassion, de la justice, de la prévention et de la réparation. Marie a su se tenir au pied de la croix de son fils. Elle ne l’a pas fait de n’importe quelle manière mais bien en se tenant fermement debout et à son coté. Par cette attitude, elle exprime sa façon de se tenir dans la vie. Lorsque nous faisons l’expérience de la désolation que nous causent ces plaies ecclésiales, avec Marie il est nous bon «de donner plus de temps à la prière» (S. Ignace de Loyola, Exercices Spirituels, 319),cherchant à grandir davantage dans l’amour et la fidélité à l’Eglise. Elle, la première disciple, montre à nous tous qui sommes disciples comment nous devons nous comporter face à la souffrance de l’innocent, sans fuir et sans pusillanimité. Contempler Marie c’est apprendre à découvrir où et comment le disciple du Christ doit se tenir.

Que l’Esprit Saint nous donne la grâce de la conversion et l’onction intérieure pour pouvoir exprimer, devant ces crimes d’abus, notre compassion et notre décision de lutter avec courage.

Du Vatican, le 20 août 2018.

FRANÇOIS